C'est quoi, la participation citoyenne?
Activation du bénévolat et dynamisation de la participation citoyenne
1) Pourquoi impliquer la population?
- Responsabiliser l’individu par rapport à la collectivité
- Intéresser les habitants à la vie sociétale et à la politique locale
- Impliquer les habitants dans le processus de consultation en amont de la réalisation de projets
- Permettre aux habitants qui n’ont pas le droit de vote de s’impliquer de manière consultative dans les processus décisionnels (luxembourgeois de moins de 18 ans, étrangers qui résident au Luxembourg depuis moins de 5 ans, étrangers non-inscrits sur les listes électorales)
- Permettre aux habitants de pouvoir s’engager au niveau communal sans devoir passer par la voie politique.
- Profiter du savoir, des talents, de la créativité et de l’expérience de tous les habitants
- Développer des dynamiques locales d’intelligence collective
- Promouvoir l’acceptation et l’identification avec des projets.
- Promouvoir l’intégration et le vivre ensemble
- Promouvoir la collaboration et l’échange entre les habitants
- Endiguer les préjugés, les clichés et les peurs
- Décharger les élus en partageant les responsabilités
- Connaître et comprendre les positions de groupes minoritaires.
A l’inverse de la participation électorale, la participation citoyenne ne fonde ni sur la nationalité, ni sur l’âge, ni sur d’autres conditions excluantes du droit civique. Elle est ni obligatoire, ni réglementée par la loi. Au contraire, elle trouve sa raison d’être dans une approche inclusive et intégrante, qui responsabilise au lieu d’obliger, qui exige et promeut l’engagement personnel et qui respecte le savoir, l’expérience et les talents de chacun.
Au delà de l’implication directe de la population dans des processus de conception et de décision concrets, la participation citoyenne permet de développer des relations de qualité entre des habitants qui se sentent co-responsables du bon fonctionnement du quotidien communal.
Enfin, l’implication de la population dans le processus d’élaboration de projets ou la recherche de solutions ne remet nullement en question le pouvoir de décision des élus. Au contraire, elle le rend plus légitime.
Opinions préconçues:
« Les citoyens décident et les élus disposent. »
« Les citoyens ne veulent pas s’engager. »
« Un investissement en énergie, temps et argent qui ne peut jamais se payer. »
« Les citoyens n’ont ni le savoir ni l’expertise pour pouvoir s’investir. »
« Ce sont toujours les mêmes qui débarquent. »
Barrières techniques et remèdes:
- Multilinguisme : traductions TOD ( https://tod.lu/ ), parrainages de langue (Flüsterübersetzung), méthodes visuelles, …
- Disponibilité en termes de temps : engagement libre et flexible, plages horaires adaptées, procédés de participation en ligne (24/7), fixation précoce des dates d’événements, enquête des disponibilités, procédés compactés, …
- Niveaux d’éducation distincts : simplifier la communication, langage simple, promouvoir la diversité culturelle et sociale, profiter des talents de chacun
- Accessibilité : proximité, promouvoir l’accès facile, lieux divers, compter sur la solidarité et le soutien
- Différences culturelles : recruter des multiplicateurs dans les différentes communautés
- Centres d’intérêt : sonder régulièrement les intérêts de la population, évoquer l’intérêt personnel
Erreurs à éviter
- Le soutien des citoyens est cherché pour réaliser des objectifs personnels.
- L’activation et la participation des habitants est un alibi pour anéantir d’emblée toute critique.
- Activer, consulter et faire participer la population une fois que les décisions essentielles sont prises.
- Manipuler la participation pour la faire évoluer dans une certaine direction.
- Confondre information et participation.
- Promouvoir les processus d’activation et de participation mais se tenir personnellement à l’écart.
- Chercher la participation au moindre coût
2) Comment motiver la population?
- Ecouter
Chaque élu a son propre réseau de « followers » (familial, amical, associatif ou professionnel) qu’il écoute et qui l’écoutent. A côté, il est utile et nécessaire d’institutionnaliser l’écoute par différents moyens et à différents niveaux. C’est tellement plus motivant de faire part de son opinion, si l’on a l’impression d’être écouté et pris au sérieux.
Exemples:
- proposez une permanence régulière (mensuelle, trimestrielle, …) du collège échevinal, où les habitants peuvent librement venir à votre rencontre pour vous parler de leurs soucis, idées ou préoccupations.
- professionnalisez l’écoute en instaurant un service communal dont la mission consiste à écouter les habitants, d’enregistrer leurs plaintes et suggestions et de les faire remonter vers les élus.
- organisez une fois par an une rencontre entre le conseil communal et les habitants qui permet aux élus de faire le point sur leur travail et aux habitants de formuler des critiques, des propositions, des réflexions,…
- Les associations et leurs membres sont des alliés naturels de la politique locale, proposez-leurs un accès privilégié vers les décideurs.
- Informer
En communiquant sur un sujet, les responsables communaux invitent les habitants à y réfléchir et à s’impliquer. En informant, ils montrent qu’ils prennent leurs citoyens au sérieux. La stratégie de communication et d’information d’une commune doit être large, actuelle, accessible et compréhensible (facilité de compréhension des messages, langage facile, choix des langues). Elle constitue le fondement et le début de la participation citoyenne.
- Plus les thèmes communiqués sont variés, plus le nombre d’habitants concernés et potentiellement intéressés est grand. Communiquez avec plaisir et sans modération!
- Plus les thèmes sont actuels, plus l’intérêt à s’impliquer sera grand. Communiquer à un stade précoce de l’évolution d’un projet permet de profiter pleinement de l’intelligence collective et du savoir de la population.
- L’information ne doit pas seulement être émise et reçue, elle doit aussi être comprise. Vulgarisez l’information pour simplifier au maximum les messages, évitez le langage administratif ou d’expert, utilisez des formulations simples et, surtout, communiquez en plusieurs langues et ajoutez un résumé en langage simple. Pour les séances d’informations, réunions et événements de participation citoyenne, prévoyez des traductions orales directes ou activez un réseau de bénévoles prêts à traduire par chuchotement.
- La diversité culturelle, sociale et linguistique de la population des communes luxembourgeoises nécessite une stratégie de communication ajustée et ciblée.
- Pour joindre un maximum d’habitants il faut user de tous les canaux de communication disponibles.
-
- le raider (pour les communications administratives obligatoires)
- le magazine communal (Buet)
- le courrier toutes boîtes
- la presse journalière ou périodique, imprimée, digitale, télévisée ou radiodiffusée
- raider digital
- le site internet communal (présentation de la commune, des élus, des services, des projets, des initiatives, des associations, ….)
- la city app (https://www.cityapp.lu/fr/)
- les réseaux sociaux (facebook, twitter, instagram, …)
- le blog local (exemple: blog de la Ville de Dudelange https://www.ondiraitlesud.lu/ )
- l’application de voisinage (https://www.hoplr.com/fr https://services.hoplr.com/fr)
- sms2citizen (pour les messages courts et d’urgence https://www.sigi.lu/nei-app-sms2citizen/?hilite=%27sms2citizen%27 )
- les séances d’information
- les réceptions conviviales grand public (points d’actualité, politiques générales, etc)
- les visites des lieux (visites de quartiers ou de localités, de projets précis ou de sites à développer, etc)
- Sensibiliser
Quelles sont les principales raisons qui incitent les citoyens à s’engager ou à participer?
- l’intérêt particulier (personnellement concerné)
- l’intérêt personnel (promotion de la propre personne)
- l’intérêt sociétal (engagement personnel pour la communauté)
Quelles sont les principales raisons qui empêchent les citoyens de s’engager ou de participer?
- Manque de motivation (raisons liées à l’individu):
se sentir pas concerné, pas intéressé, pas habilité, pas bienvenu,…
apathie politique et sociale, méfiance, désintérêt général,…
- Manque de ressources et de capacités (raisons liées à l’individu):
bas niveau d’éducation, manque de compétence, manque d’expérience, socialement marginalisé, capacités physiques ou psychiques réduites, manque de temps pour raisons familiales ou professionnelles,…
- Manque de possibilités (raisons liées au processus):
Communication sélective ou peu efficace (langue, complexité, distribution, …), manque d’information sur le monde associatif et les commissions, manque de conviction, manque d’efficacité présumé, accessibilité réduite, horaires défavorables, formats non adaptés,…
Constats:
Ceux qui ne s’engagent pas ou qui ne participent pas ont des raisons subjectives spécifiques liées principalement à des dispositions socio-structurelles.
Ceux qui cherchent à dynamiser l’engagement et la participation ont tendance à expliquer un éventuel échec par des raisons liées au processus, tandis que les individus qui décident de na pas s’engager ou participer l’expliquent généralement par des raisons personnelles.
Sensibiliser à l’engagement bénévole et à la participation citoyenne signifie identifier et comprendre les barrières qui empêchent les habitants de s’impliquer et développer des stratégies adaptées qui les aideront à les surmonter.
(voir tableau des principaux freins à l’engagement citoyen et à la participation citoyenne)
Actions de sensibilisation
L’aventure citoyenne 1 -Devenir une commune participative
Cultivez et vivez l’engagement bénévole et la participation citoyenne au quotidien dans l’organisation politique et administrative de votre commune
L’aventure citoyenne 2 – Transmettre la participation citoyenne aux enfants dès le plus jeune âge.
L’engagement bénévole et la participation citoyenne ne sont pas acquis mais s’apprennent. Encouragez et motivez le personnel de l’école fondamental et de la maison relais et les membres de la commission scolaire à promouvoir et à enseigner l’approche participative, en impliquant activement les enfants et leurs familles partout où faire se peut.
Vulgariser l’information
Organiser des démarches d’écoute citoyenne pour recueillir l’avis de populations qui ne s’inscrivent pas spontanément dans les démarches de participation citoyenne proposées par la Ville.
- Les tables rondes citoyennes: échanger avec les habitants de la collectivité tous les trois mois afin de recueillir leurs demandes.
Qui sont les groupes les plus difficiles à toucher et à motiver pour un engagement ou une participation citoyenne?
- les personnes les moins éduquées
- les moins de 30 ans
- les migrants
- les habitants de quartiers « difficiles »
Méthodes pour toucher ces groupes:
- Au lieu d’organiser des processus de participation ou de rédiger des sondages selon les idées et attentes de l’organisateur, il convient de s’adapter aux possibilités, besoins et moyens des publics visés (choix de la langue, langage facile, langage décomplexé, préférer des approches conviviales qui se passent de mots, promouvoir des approches pratiques par la construction commune, la création artistique, etc.).
- Invitez et soutenez les associations dans l’implication de publics éloignés par des subsides spéciaux ou des prix d’encouragement
- Evitez de lancer des initiatives pour les publics marginalisés, développez, promouvez et soutenez des actions avec eux
- Identifiez des personnages clé au sein de ces groupes et encouragez, motivez, formez et soutenez-les à jouer le rôle de multiplicateurs.
- Restez ouvert et flexibles et adaptez vos processus ou votre communication au besoin des publics.
- Développez des approches à moyen et long terme et utilisez des processus continus et réguliers pour permettre aux publics de s’y habituer.
- Libérez des budgets participatifs à gérer par ces communautés pour des investissements dans l’espace public.
- Au lieu d’organiser des événements participatifs uniques qui visent toute la population en même temps, optez pour des formats de petite taille et à l’ambiance personnelle qui sent bon le quartier populaire et le foyer familial pour aller à l’encontre de ceux qui ont des réticences sociales.
- Préférez des formats qui permettent à chacun de s’exprimer et de prendre la parole, même à celles et ceux qui ont peur de la faire.
- Proposez l’intervention de personnes de confiance qui formulent les pensées, réflexions et idées de ceux qui n’osent pas parler en public.
- Mettez en place des plateformes de participation citoyenne en ligne comme decidim ( https://decidim.org/ ) ou consul ( https://consulproject.org/en/ ).
Pensez aux oubliés de la plupart des processus participatifs : les enfants et les jeunes
- élaborer des sondages sur mesure pour les enfants
- organiser des séances participatives spéciales dans les écoles ensemble avec le personnel enseignant
- organisez une visite des lieux sur mesure pour les enfants
Responsabilisez l’individu par rapport à la communauté, dans laquelle il vit:
- la famille
- les amis et collègues
- les cercles de personnes qui partagent les mêmes idées, passions, loisirs, etc (associations, etc.)
- les voisins
- les habitants du quartier ou de la localité
- la population de la commune
- la nation
L’engagement bénévole et la participation citoyenne concurrencent au sein du segment des loisirs avec une multitude d’autres activités (engagements associatifs, relations amicales et collégiales, activités sportives, de détente, religieuses, etc.)
Etablissez une culture politique positive qui permet à la participation citoyenne et à l’engagement bénévole de fleurir et de prospérer. Une culture politique qui crée un climat de confiance entre tous les acteurs (élus, administration, associations, population, etc.), qui encourage l’échange vivant, l’engagement critique et l’ouverture d’esprit et qui facilite une discussion vivante et un échange en toute transparence.
C’est avant tout une question de culture et non une question de techniques, méthodes ou formats!
Tableau des freins à l’engagement citoyen